
Quitter sa Normandie pour une mission à Marseille : c’est le choix audacieux qu’ont fait Anne-Claire et Stéphane Defontaine avec leurs quatre enfants. Envoyés en août 2024, ils nous plongent dans leur quotidien au cœur de l’Estaque, un quartier contrasté des bords de la Méditerranée, où ils ont rouvert un patronage.
Ils sont une présence chrétienne dans le quartier et leur vie de famille se tisse désormais autour des amitiés nouées avec les habitants. Ils ont mis la joie de la rencontre au cœur de leur vie.
La revue Mission a dressé le portrait de cette famille qui témoigne de l’Évangile en actes. En voici un extrait :
« Yassine et Salma veulent montrer à Anne-Claire leur nouveau check. « C’est uniquement pour la famille ou c’est pour ceux du patronage ? » demande-t-elle. « C’est pour nous : pour les autres on dit “Bonjour, comment ça va ?” », explique Yassine. « Ou salam aleykoum », précise la petite sœur.
La conversation, décousue comme l’aiment les enfants, se poursuit sur l’art de la conduite à Marseille et on déclame un Code de la route parallèle sur le thème « à Marseille il est recommandé de prendre les sens interdits et de rouler au-dessus des limitations ». Anne-Claire confirme que l’écart avec la conduite normande a demandé un peu d’adaptation…
J’en profite pour demander à Yassine ce qu’il aime au patronage. Sa sœur et lui n’y viennent que depuis une semaine, mais il note qu’il a « déjà eu un premier TB à l’interrogation de verbes irréguliers grâce à Anne-Claire ». Bon point pour le patro !
Les soirées au patronage commencent toujours par un goûter et un temps de prière. Celui-ci est facultatif – et soyons honnête : il n’ameute pas les foules pourtant pleines d’énergie pour le foot qui précédait… – mais la porte de l’oratoire est ouverte et certains jeunes, voyant la régularité d’Anne-Claire et Stéphane dans la prière, s’y joignent parfois. « Ils voient qu’on prie et peuvent saisir que c’est là qu’on tire la force de notre engagement. »
À cela s’ajoute la présence hebdomadaire d’un prêtre proposant un temps de formation le mercredi matin – auquel Moussi et Youssef, quoique musulmans, choisissent systématiquement d’assister. « On doit témoigner par notre vie au patronage de ce que vit un chrétien : prière du matin, du soir, bénédicité, mais aussi aimer son ennemi, pardonner à ceux qui nous ont offensés, et savoir rendre raison de sa foi face à des questions aussi déroutantes et pourtant fondamentales que : “Pourquoi vous dites que c’est Dieu s’il est mort ?” Le tout en grandissant en amitié qui permet le cœur à cœur. » Un cœur à cœur comme celui de la croix de Camargue suspendue au mur. « Cette présence, cette amitié, c’est peut-être ce qui porte le plus de fruits spirituels.
Malik, qui est venu nous aider à déménager à un moment où on en avait vraiment besoin, est aussi en train de faire un très beau chemin intérieur. Comme nous habitons un ancien presbytère, certains sonnent aussi simplement dans l’espoir de trouver une présence chrétienne. Globalement, l’accueil que nous avons reçu dans le quartier nous confirme que notre présence ici a du sens. »
Cette immersion dans le quotidien des Defontaine montre comment la mission transforme la vie familiale, crée du lien avec le quartier et révèle la puissance de la présence chrétienne dans la société.