
Pour la première promotion de missionnaires e’M parti depuis août 2024, voilà arriver le milieu de leur mission. La deuxième année sur trois est une période d’enracinement et d’amitié.
Après l’émerveillement des débuts, effervescence de la rencontre, chacun d’eux a pu expérimenter un temps de désillusion, de prise de conscience de ses propres limites, de celles des partenaires locaux, des moyens sur place ou encore de la nécessité de trouver un juste équilibre entre la vie de famille, vie de couple, temps seul et temps de travail au service de la mission.
Cet équilibre, toujours fragile et à requestionner, permet de réaliser que la seule voie possible est de tout remettre entre les mains de Dieu, mettre tout son cœur à l’ouvrage et se rappeler que Lui seul décide et que le temps de Dieu est toujours parfait.
À Aubusson, Ombeline et Jean-Gabriel poursuivent leur mission avec leurs deux jeunes enfants.
Après une année sur place, ils connaissent mieux les visages, les lieux, les besoins. Ils accompagnent la transformation de la maison Saint Vincent en tiers-lieu chrétien, véritable carrefour d’initiatives paroissiales et de vie partagée :
« Les grands travaux envisagés dans la maison ont commencé par la destruction d’un mur dans les parties communes. Ceci nous permet d’ouvrir une grande salle avec cuisine et vaste espace pour accueillir plus de monde ; c’est aussi l’occasion de donner un coup de neuf à cette maison. L’objectif à terme est d’en faire un tiers-lieu chrétien, un local capable d’accueillir les initiatives de la paroisse, le patronage, les réunions qui y avaient déjà lieu mais aussi d’autres événements qui, nous l’espérons, ouvriront la paroisse sur la ville. »
Leur mission s’exprime aussi dans l’accueil, les rencontres, les groupes jeunes, la lectio divina avec les catéchumènes, et les animations du patronage, entre jeux, prières et découvertes.
Amandine et Julien vivent leur mission avec leurs enfants au sein de la Maison Saint Jean, habitat partagé intergénérationnel où s’épanouissent différents types de profils dans un esprit de fraternité. Cet enracinement quotidien leur donne la joie de tisser du lien au-delà des âges, des parcours, des histoires :
« Depuis juin, plusieurs repas orchestrés par une habitante octogénaire à la bonté débordante derrière un abord récalcitrant, ont permis de créer une atmosphère de détente et de fédérer les générations et les différences au cœur de la Maison St Jean. Quelle joie de voir Théophane sauter dans les bras de Ginette, Florentin faire du canevas ou des jeux chez Mauricette, Philomène monter chez une voisine pour lui raconter son camp guides, Anastasie aller jouer avec la petite fille d’une habitante ! »
Ils participent aussi pleinement à la vie du sanctuaire et de la paroisse, apportant leur pierre à la mission à plusieurs échelles et expérimentent l’amitié avec les résidents :
« Nos enfants trouvent de mieux en mieux leur place, se sentant accueillis par certains habitants jusque-là distants » confient-ils.
Du côté du patronnage de l’Estaque, Anne-Claire et Stéphane et leurs enfants se sont enracinés dans un quartier populaire et vivant à Marseille.
Nos sudistes ont découvert que « servir ensemble » passe par l’accueil constant des enfants et le soutien aux familles, dans un territoire marqué par des fragilités matérielles mais aussi spirituelles.
Les épreuves récentes — incendie, inondations — ont renforcé leur conviction que la mission s’incarne avant tout dans la proximité, la solidarité et la confiance :
« Vivre en humilité la pauvreté de la mission, abandonner la maîtrise des choses et accueillir la charité du prochain, voilà un chemin de croissance pour moi », témoigne Stéphane.
Ils mettent aussi un soin particulier à garder leur vie de prière vivante, à puiser à la source, pour mieux rayonner auprès des plus petits et des familles.
Si ces trois familles vivent leur enracinement de manière différente — habitat partagé, ancrage paroissial, tiers-lieu chrétien, patronage de quartier — elles partagent un même élan missionnaire : être présentes, aimantes, patientes, attentives aux autres, au rythme du territoire et des personnes.
Elles constatent ainsi combien la mission transforme. Les surprises et les rencontres ne manquent pas et les amitiés naissent peu à peu grâce au temps long de cette année et demi déjà passée sur place.